mardi 16 juin 2009

File eau zoo fie


Jeudi 18 juin, je suppose que TOUT le monde le sait, c'est le bac de philo. Ceux qui l'ignorent vivent soit dans une grotte (ou dans une caverne....ahah, blague de geek platonicien ne faisant rire personne, même pas moi) soit à l'étranger. Et les deux sont conciliables, Oussama est sûrement à la fois dans une grotte, et à l'étranger. Passons. Philosophie en a fait sa couverture, le petit journal une chronique. Qu'on soit une ménagère de plus de 50 ans ou un jeune cadre dynamique on est donc au courant. Jeudi, c'est le bac de Philo. Whaou. La seule épreuve que nos parents disent avoir réussi (tout en planquant consciencieusement la feuille attestant de leur résultat). Mais petit souci: on nous parle de philo tout le temps, mais qu'est ce qu'on apprend, vraiment, avec la philo? Petit condensé de 4 ans d'apprentissage.

Sous couvert d'idéologues passés, on essaye de nous faire adhérer aux fondements de notre société, et à les prendre pour acquis. Faire de nous de gentils petits moutons. Encore une noble attention. Les philosophes deviennent des mecs sympas, cools à caser dans les diners. Du coup, on s'approprie ce qu'ils disent, sans le remettre en question. Erreur! Machiavelique. Oh, un mot qu'on utilise tout le temps. "Ma soeur est machiavélique, elle a essayé de m'étrangler avec le cable de ma x box pendant que je jouais". Elle est donc censée être fourbe, manipulatrice, et tout le reste. Pourtant, machiavel ne dit rien de tout ça... Il nous parle du bon roi, qui peut agir de manière injuste pour arriver à ses fins. De la raison d'Etat. Pas question de X-box, donc.
Puis arrive Aristote, qu'on case partout. Il est pratique, il a cherché à tout encadrer. Poésie, tragédie, et autres, un censeur de la créativité avant l'heure. Il nous gonfle avec sa justice commutative, et l'autre, distributive, qui sert uniquement à nous prouver qu'il avait un avis sur la question. Aristote, c'est un peu le Françis Lalanne d'hier. Arrive Rousseau, peut être la victime du groupe. Selon lui, pas de droit du plus fort, car les deux termes sont contradictoires. Il nous rappelle étrangement le binoclar pénible, au fond de la cour avec sa calculette Texas instrument 4320, qui se prenait des coups et répondait, la voix chevrotante, "la violence ne mène a rien". Rousseau dénonce la force qui fonde le droit, la plus fort qui utilise sa force comme droit. Vraiment une balance.

Ensuite, il y'a ceux qui, faute de thèmes de réflexion concrets, ont décidé de se lancer dans des trucs un peu métaphysiques. Freud en tête avec ses rêves, leurs différents contenus, la sexualité infantile, l'inconscience. Il a essayé de tout intellectualiser. La naissance est selon lui un acte violent. Vient ensuite le stade oral, entre 0 et 1 ans, avec déjà le développement de l'érotisme, de la libido, l'adualisme, le plaisir. "le déplacement de la libido dans la bouche". Essayez d'expliquer à un enfant de un an qui met ses doigts dans sa bouche que c'est un immonde pervers. Ensuite, le stade anal, à 2, 3 ans. On évite de détailler. Puis le stade phallique entre 3 et 5 ans. Le stade de latence. Le stade de la puberté et l'adolescence. En d'autres termes, on est un peu des pervers tout le temps selon lui. Avec comme seule préoccupation le sexe, le tripotage. Imaginez le regard qu'il aurait porté sur les gynécologues.

Thème adoré des lycées: Le travail. Et la fameuse dialectique du maître et de l'esclave, ou comment tenter de caser, en scred, que le travail, c'est vraiment le meilleur truc, et que ça rend invincible. Détail: selon cette dialectique, le travail est facteur de libération et de liberté. Jusque là, on est d'accord. Si on bosse, on peut partir en voyage où on veut. On est libre. Selon cette idée, c'est celui qui détient la force de travail qui domine. Au départ, le maître domine l'esclave. Il jouit du fruit de son travail. Parfois même de son esclave. On appelle ça une secrétaire ou, selon le cas, du harcèlement sexuel. Mais, selon ce cher Hegel, l'esclave devient le maître, et le maître l'esclave, car c'est lui qui à la force productive. Et là, il y'a comme un souci. Essayez d'expliquer aux ouvriers de Continental que c'est eux, en fait, les maîtres, et qu'ils sont dans une situation idéale. Vous risquez de vous prendre un coup de pneu.

Puis viennent les penseurs publicitaires. Ceux qui vous balancent des phrases clés, comme des slogans. Ambiance "ensemble, tout devient possible". Qui? Hobbes, "l'homme est un loup pour l'homme", slogan sûrement efficace pour les safaris du FN en afrique. "Etat de guerre perpetuel de chacun contre chacun", Bayrou, sur le sarkozysme, aux Européennes. Crédible. Descartes aussi: "cogito ergo sum", LA phrase que tout le monde a essayé de caser en accroche. Je vous préviens, ça marche pas.

Les trop écoutés. Kant fait partie de ceux-là. Il pense que le philosophe serait mieux en conseiller du pouvoir qu'au pouvoir. Car un philosophe au pouvoir, c'est un philosophe en moins. Son avis à été pris en compte. Pas l'ombre d'un philosophe dans notre délicat paysage politique Français. Merci qui? Encore un philosophe qu'on aurait du éviter d'étudier. J'imagine Royale et Sarko, devant leur cours de philo "Youpi, j'ai une chance".

Les extralucides. Nietzsche. Typiquement. "Dieu est mort"dit-il. Merci, on avait pas remarqué.

Les pénibles: ceux qui font qu'on se pose parfois quelques questions de définitions:
Aristote: avec la mimésis: l'art doit imiter la nature. Jeff Koons, c'est de l'art???? J'espère que Pinault n'a pas La Poétique sous les yeux, il risquerait de mal dormir.
Kant: "est beau ce qui plaît de manière désintéressé". Autrement dit, la fin des marques à logo, celle qu'on porte pour se démarquer. Officiellement, c'est moche, selon Kant.

"La philo nous aide à ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure, à en comprendre le fonctionnement", disait mon prof. J'ai surtout l'impression que la philo nous empêche de réfléchir concrètement, par nous mêmes. A-t-on jamais réussi à penser par soi même en citant les autres?


A C.V :)

5 commentaires:

Anonyme a dit…

N'importe quoi

R. a dit…

non je trouve ca juste et drole

Anonyme a dit…

"Aristote: avec la mimésis: l'art doit imiter la nature. Jeff Koons, c'est de l'art???? J'espère que Pinault n'a pas La Poétique sous les yeux, il risquerait de mal dormir."

Je trouve que Koons imite assez bien la nature, je te renvoie à quelques photos prises de lui avec la cicciolina. Elle me rappelle un certain comportement animal pour ne pas dire bestial qui est tout à fait en adéquation avec la nature. Sans parler de "Girl with Dolphin and Monkey"

Sans rancune ;)

Paranoid Polaroids a dit…

Hello

Quand je parle de Koons, je parle de son oeuvre globale, pas de certaines de ses oeuvres, qui, je suis d'accord, font assez Vrai (et encore, ça reste très limité, et très loin de la mimésis telle qu'elle est définie par Aristote). Pire, je parle des oeuvres que Pinault possède, dont Balloon Dog qui, tu me l'accordera, ne ressemble pas vraiment aux chiens que tu croises dans la rue...

Quand Aristote parle de mimésis, il ne parle pas d'une vague imitation de la nature, mais d'une représentation fidèle. (quoique, il y'a plusieurs types de mimésis, façons de représenter selon lui, comme tu le sais sûrement: telle que les choses sont, telles qu'on les voit, et elles qu'elles devraient être). Peut être que les choses devraient être comme dans l'oeuvre dont tu parles: une femme sur le dos d'un dauphin avec un singe devant elle. A ce moment là tu aurais raison. Mais là, j'ai un doute. (Pour le dauphin and co) :)

je te renvois aux anecdotes typiques de la définition antique de la mimésis qui montrent que la question de la valeur d'"Art" du travail de Koons, aux yeux d' Aristote se poserait: chevaux d'Apelle, raisins de Zeuxis, ou koplites de Parrhasios


Sans rancune ;)


ps: cet "article" n'a pas vocation à être un cours de quoi que ce soit (j'en serais évidemment bien incapable, le simple fait de l'envisager est risible), ni un recensement exhaustif de la pensée de ces gens dont l'esprit transcende le mien, ni une tentative de démonstration d'un savoir quelconque (je ne prétend pas en avoir un)
juste un peu de dérision, c'est tout :)


bonne journée/semaine/

G. a dit…

Tableau amusant des Philosophes qui sont mis sur le banc de l'école comme nous pour une fois.
Au fond, dirais-je , tels des cancres.