jeudi 19 novembre 2009

Don't forget to live
























Voilà un extrait de la première lettre destinée à nos potes pendant notre voyage. Elle n'est jamais arrivée.
"Hello Hello les amis
Voilà le récit de nos premiers jours aux Etats-Unis.
Le 19, (on est déjà un peu perdus dans les jours) arrivée a newark. Après deux heures de douanes, notre tour arrive: empreintes digitales, photos de face, (j'avais pourtant bien répondu NON à toutes les questions sur le papiers vert qui demande si on est un pédophile, un meurtrier, ou un mec aux moeurs sexuelles bizarres).
"Que venez vous faire aux États-Unis? Vous restez jusqu' à quand? Pourquoi ?". Pour un peu on se ferait engueuler de venir leur rendre visite.
Nos sacs arrivent vite, on est partis.
Arrivée à New York, à time square, devant l'hôtel dont on nous avait parlé. Décidant de faire le truc à la roots (idée du voyage, bouger un max avec le minimum d'argent et d'organisation), nous n'avions pas réservé. Plus de place. Temps orageux. C'est la merde.On arpente la 8e et la 7e de long en large, de gauche à droite. Demandons à chaque hôtel plein quel hôtel est susceptible d'avoir encore des chambres libres, appelons chaque hôtel de chaque quartier. Finalement, on se retrouve face au Carter. Les autres sont pleins ou hors budget. Le carter peut sembler bien dit comme ca.
On arrive dans l'entrée. Le concierge ressemble à un travelo, les néons violets, rouges et bleus bercent le hall dans une atmosphère bizarre. On prend une chambre. Et un clin d'oeil, par la même occasion, du concierge. Etonnés par la musique qu'on entend dans la pièce d'à côté, on demande, dans un anglais approximatif "is there a nightclub here?" (on ne perd pas trop le nord). Il me regarde avec un grand sourire, et me répond "no, a strip club...". Je le gratifie d'un "good to know" et décide d'aller me coucher tandis que T. essaye déjà, à quatre pates, d'apercevoir un bout de string sous la porte.
Nous prenons l'ascenseur. 40 étages. Ca change de nos jolis immeubles haussmanniens parisiens. Cling. Les portes s'ouvrent. Moquette verte et bleue à motifs censés être symétriques. Pas d'indication du système de numérotation des chambres. On part à droite. C'était à gauche. Après avoir marché 10 bonnes minutes, nos sacs su le dos, nous trouvons la chambre. 4036. Nous glissons la carte dans la porte. Clic. La porte s'ouvre. Plutôt une bonne surprise. On s'attendait à un mur éventré et à un corps gisant inanimé sur le sol: nous ne trouvons que mur en crépis, baignoire 1930 (vraiment de 1930) avec 18 teintes de couleur différentes, télé si ancienne qu'elle n'envisage même pas de marcher, et tapis ambiance bordel malien. En moins chic. Dans un élan de bourgeoisie parisienne, (largement condamnable, je vous l'accorde), T. et moi décidons de trouver un autre hôtel sur internet. On trouve, on réserve, se réjouissant d'être le lendemain. Une fois nos affaires à peu près dépliées, on décide d'aller dîner.
On retrouve des potes qui vivent là depuis quelques mois. Resto sympa, puis boite. "Club" pardon. "C'est vraiment trop "french" de dire boîte". Hum Hum. On se retrouve au Jane, une boite très sympa, "the place to be" si l'on croit le new yorkais moyen. On en avait entendu parler. Mais pourquoi tant de mystère autour de cet endroit? Le physio est français. "Bonsoir" lui dit-on en arrivant. Grand sourire. On rentre. Grand hall en bois, l'impression d'être dans un bateau. On pousse une porte en bois épais, et nous retrouvons dans le bar de l'hôtel. Il y'a des jolies filles partout. Mais l'ambiance est étrange. Peu de musique. Pas un mec. Nous somme quatre, et quand nous arrivons toutes se retournent. Ca fait un peu le même effet que quand vous arrivez à un anniversaire, que vous êtes en retard, et que vous taclez malencontreusement la mère de la birthday girl. Ca arrive rarement. Soit. Mais vous voyez l'ambiance. Un peu gênant. Nous avançons. Elles nous sourient. Nous croyant emplis d'un « mojo » incommensurable, nous nous dirigeons vers le bar. Les gens nous regardent tellement qu'on se réfugie dans un angle mort pour voir, face au miroir, si on n’a pas un truc étrange sur le visage. Et heureusement non. Puis une fille vient nous voir, nous parle. Puis une seconde. Elles sont mignonnes, passent leur main dans nos cheveux, nous font mille compliments, s'extasient lorsque nous leur disons que nous sommes parisiens. "Oh, Paris is so magnifique". "Do you live far from the eiffel tower" "I love so much avenue montaigne". Et on comprend doucement. L'évidence que nous refusions de voir. Ce sont des hookers. Merci, New york.
Le lendemain matin, réveil pour aller dans notre nouvel hôtel, vendu sur internet comme un lieu paisible dans un havre de paix. Après 35 minutes de metro, nous arrivons. Tréfonds d'un quartier chinois, ligne de métro, train. RER, en extérieur, devant, pas un européen. La guerre.
On voit notre hôtel. Il est indiqué par une statue de Panda de 3m de haut. Nous entrons dans l'hôtel, minable. Un jeune coréen nous accueille, souriant. Après avoir tenté pendant 30 min d'annuler le prépaiement pour rejoindre l'ancien hôtel qui subitement nous semble fantastique, nous montons dépités dans notre chambre. Tout est en chinois, le métro aérien donne sur notre fenêtre. Ou le contraire.
On jette nos sacs dans la chambre et on s'enfuit, impatients de regagner les quartiers sympas pour se balader. 45 minutes pour trouver un taxi (je savais pas que c'était possible a New York). Odeur de crevette morte dans les rues, poissons crevés dans les aquariums des restos, un blade runner à la noiche.
Retour dans le nord de la ville. On traverse central park, puis allons au Guggenheim museum (fermé pile ce jour la), marchons sur la 5e, comme tout bon touriste foireux, puis dérivons sur d'autres rues plus sympas. etc etc. 6 heures de balade très cool. On rentre à l'hôtel.
Epuisés, on décide de faire une sieste. T allume la télé (chose assez étrange pour faire une sieste mais bon), et on tombe sur l'us open. T apprend que la final opposera Nadal à Murray. Il me demande si Murray et le fils de Tony Murray. Je réponds oui. Il me croit. Je lui dis qu'évidemment non. Il est déçu. Il me demande ensuite comment Tony Murray a gagné tant d'argent. Avec les extincteurs lui dis-je. Il se redresse alors, ahuri, et me dit: "ah, c'est lui qui a eu l'idée d'accrocher les extincteurs au muret?" Merci, T. Fou rire de fatigue, 3 bonnes minutes. Des larmes, encore et encore. A le lire ça parait affligeant. Mais c'était drôle. Si, si, vraiment. On part diner, retournons au Jane, puis allons nous coucher.
Le lendemain, départ en train de penn. Station à Pittsburg, première étape de notre long périple vers la côte ouest, d'environ 60 heures. Dans le train tout est bizarre. T me fait remarquer que la grande (l'immense) majorité des personnes est obèse. C'est vrai. T les regarde et me dit " c'est drôle, y'en a pas un qui n'a pas un triple menton". Arrive un mec de surement 250 kilos, qui parvient à avaler un cheesburger juste en l'enfonçant avec son poing dans sa bouche. On comprend mieux.
Le wagon restaurant est lui aussi bizarre. Il est mélangé à la première classe (où nous ne sommes pas). En gros, le luxe, ici, c'est d'être près de l'endroit où il y a de la bouffe. On s'étonne que big mama passe pour une anorexique.
Voilà pour le moment! Jolis paysages par la fenêtre, c'est assez incroyable. Nous nous arrêtons dans des dizaines de villes. On est loin de tout, de tout le monde. C'est génial.
On vous embrasse et pensons a vous.
A très vite"