mercredi 3 décembre 2008

From party to hospital


Un jour d’octobre,

Le carton annonce : « …… et …… ont le plaisir d’inviter ………………. A célébrer le ………………. De la ………………………

Défilé Printemps-Eté 200/ »

Défilé ? scanner rapide des informations. Jolies filles, jolie déco, sûrement un Dj cool, grosse soirée. Mes deux acolytes de chaques côtés. We’re in.

Parc de St Cloud, un froid de canard, mais nous sommes surmotivés par la soirée vers laquelle nous nous dirigeons. Un premier portail pour checker nos pass. Puis un autre. Puis un autre. Après 3 gestes identiques pour montrer l’invitation, je développe un savoir faire taylorien qui me permet de la montrer dans un temps deux fois inférieur à la première fois. Nos mains sont gelées. Nos Scooters toussent et nous implorent de nous arrêter. Je vois le parking, qui ressemble plus à une aire d’autoroute qu’au parking du BC. Une file de gens. Des grandes filles minces dont les membres allongés semblent ralentir les mouvements. Quelques grands mecs enfouis dans leur écharpes, répétant qu’il est « indécent de nous faire attendre dans ce froid ». 1 minute. 5 minutes. 10 minutes. 20 minutes. Et là, le fameux « ahhhhhhh » de soulagement. Les portes s’ouvrent. Les gens rentrent. Je n’ai qu’une invitation valable pour deux. Nous sommes trois. Par miracle un « il est avec nous » pseudo hautain et mal joué est le sésame d’entrée pour notre pote, et est même reçu par un « excusez moi monsieur je ne savais pas que vous étiez ensemble ». Qui sommes-nous ? Personne, comme tout le monde ici, donc quelqu’un. Ou du moins, on pourrait être quelqu’un. Une personne que l’on fait rentrer sans pass, c’est moins préjudiciable que de refuser l’entrée à quelqu’un que l’on est censé connaître. La fille qui s’occupe de l’entrée l’a compris. Nous sommes ravis. Ca « commence bien »…. Nous faisons quelques pas avant d’arriver dans la tente dressée pour l’occasion. Sublime décoration, des dizaines de tables rondes, 4 bars de 20 mètres de long, un podium transformé en piste de danse pour copines de mannequins et homo erectus (au sens moderne du terme) en furie. Girls Gone Wild ne nous aurait pas fait plus d’effet. Nous nous dirigeons vers le bar. Je commande mon éternel jus de fraise – « y’en a pas, mais nous avons orange, abricot…. »- donc d’orange tandis que CD et PF commandent des coupes de champagnes pour leurs 6 amis respectifs imaginaires, sûrement en fauteuils roulants puisque manifestement incapables de se rendre au bar (technique typiquement parisienne). Pendant que mon jus d’orange Joker arrive, une jeune fille m’aborde au bar « how arrrrrrrrrrrre you ? This PArtY Rockssssss. Do you want to dAnce ? ». Assez jolie, je la gratifie d’un « I’m gay » (réponse de sauvetage qui fait son effet ) et retrouve mes potes qui ont décidé de boire les verres de leurs amis imaginaires car « on peut pas gâcher ça ». Une fois titubant ou presque, ils sont sur la piste de dance (qui devient aussitôt, l’alcool aidant, le « dancefloor ») ou nous décidons de danser sur une musique assez incroyable. Après overdose de Justice, MGMT et Remix de remix par des Dj aux sonorités Russes, nous décidons de nous mettre en quête (de russes). Tout le monde danse. Tout le monde se parle. Une épaule. Des jolies jambes. Un ami (de soirée). Un ami ? . Un pote. Du champagne. Des potes imaginaires ont du arriver à en croire les mains pleins de mes potes. Je les traite d’arriviste. Il me traitent de jus-d-orangiste. Je décide de saluer ne serait-ce que par politesse monsieur Moet et son ami Chandon. Je les recroise et les re-salut. Je les croise tout le temps et suis bien élevé. Puis jus d’orange. Encore. Et encore. La musique est de mieux en mieux. Les gens sont sympas. On danse. On danse. On danse. On discute avec des inconnus comme si on se connaissait depuis toujours. Prénom ? inconnu. Nom ? inconnu. Profession ? inconnue. Caractéristique principale ? Jolie/sympa/drôle/ danse de manière drôle/ bourré/ demande sans arrêt « t’as pas une clope », question qui bénéficie à chaque fois de la même réponse, « non je fume pas ». Véridique.

La soirée continue, 4h du matin. Les premières lumières s’éteignent. Les deux bars du fond ferment. Puis ceux qui sont à coté de nous aussi. Mon pote jus d’orange va se coucher. Moet et Chandon son vidés par les anti-piques-assiettes piques-assiettes.

Une main frôle la mienne. La copine jolie de la fille du bar. « hey, ca va ? ». « bien et toi ? ». « pas mal ». Scanner : jolies jambes, joli visage, grande, yeux verts. Jackpot.

« Tu fais quoi » ?me dit-elle dans un français plus anglo-russe que français. « Je rentre chez moi , et toi ? ». « je rentre chez toi ». Un sourire. Un baiser. Première erreur.

Le taxi. 3 filles. 3 mecs. Le compte est bon. Ca continu de « bien commencer ». Trois pneumonie après, on arrive devant le parc de « showall ». Code. La grille s’ouvre. On entre.

Il fait chaud. Les manteaux tombent. On rit pour rien. Il est tard. On est tous crevés. Celle que nous appellerons Svetlana me propose de la suivre. Je la suis. Une chambre, un legging qui tombe. Une jolie bouche. On profite. Jusque-là, tout va bien. Jusque-là, tout va bien. Jusque-là, tout va bien. Tout va bien. Passage par la salle de bain. Regard de vainqueur dans le miroir. Puis greetings à truc qui à fait son boulot à peu près correctement. Et là. Comment dire. Désenchantement. Ou mieux. La haine. Préservatif éclaté. Scanner en panne. Je ne m’en étais pas rendu compte. Réaction stupide : « tu es sure que tu n’as rien ? » j’ai le droit à un « what the fuck » complément anglais, prononciation parfait, insistance presque trop prolongée sur le « Fuck ». Stress. En plus un de nos potes à disparu. C’est une autre histoire.

5 heures plus tard. Pas dormi depuis 36 heures. Avec le pote disparu réapparu, à la terrasse d’un café. Je flippe. Ils flippent. Nous flippons. Montant de rationalité presque négatif. Labo au téléphone : risque encouru : inconnu. Proposition : aller aux urgences dans les 24h pour faire un test de dépistage. Je rigole. Je rentre chez moi.

2h du matin. J’ai toujours pas dormi. Incapable de fermer l’oeil alors que fatigué comme jamais. Google : Sida. J’apprend la page wikipedia par cœur avant de me dire que wikipedia c’est pas toujours vrai. Je consulte des notes de docteur en me disant que des docteurs cons y’en a pleins. Impossible de me rassurer. Il pleut. 2h30. Je démarre mon scooter, direction les urgences. Il y a du monde. Bagarre, accident de la route, l’impression d’être a Bagdad. 2h après mon tour arrive. 40 minutes après le médecin arrive. Je lui raconte mon problème. Age de la partenaire ? 26 ans. Métier ? unknown. Prénom ? unknow (prise de conscience immédiate de la connerie effectuée). Origine ? russe/vivant à Londres. Le médecin me regarde. Pire phrase de ma vie : « vous savez, on vit très bien avec le Sida ». Le mot est lâché. J’avais parlé de « Das », de « merde », de « truc de merde » toute la journée pour le désigner, mais là j’ai bien affaire à lui. Le docteur me sort des pourcentages selon lesquels tout mec normalement constitué a le sida ou la syphillis. Absence de rationalité due a la fatigue. Je gobe tout. Je m’énerve. Je veux pas mourir. Je tape dans le mur. Refuse la prise de sang. Accepte la prise de sang. Re-refuse de faire la prise de sang. Pose des questions. Accepte la prise de sang. Je pleure. J’appelle mon père qui tente en vain de me remonter le moral. Je pleure. Je demande au médecin « concrètement, cette semaine, combien de personnes sont reparties avec le sida ? ». « Sur 10 me répond-il, 6 ». 60 % de chances ? info ou intox ? il remplit son rôle, me fait envisager le pire. Je repars avec ma plaquette de trithérapie, plus mort que mort. Dehors : 5 degrés. Il est 6 heure du matin. Toujours pas dormi. Il pleut des cordes. Pas de taxi. Je prend mon scooter. Je pleure. J’arrive chez moi. Prends mon cachet numéro 1, et fais le tour, assez vite, des effets secondaires.

Après trois jours cauchemardesques, je vois un médecin qui me dit que mes chances de l'avoir sont faibles. N’ayant aucunes coordonnées de la fille en question je ne peux m’en assurer à 100%.

Peur qui va-et-vient pendant 3 mois. Les tests m’affirmeront que je n’ai rien.

4 jours atroces, à envisager le pire. Je comprends que le risque est présent.

Sortez couverts.

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