jeudi 11 décembre 2008
Life goes on
mardi 9 décembre 2008
Agent Orange, une bombe
Comme quoi un petit changement...
Aujourd'hui, j'ai eu le droit à plusieurs petits moments qui m'ont fait prendre conscience d'une chose importante: ce qu'on possède finit VRAIMENT, par nous posséder.
Mon week-end avait pas mal commencé, tout se passait bien, jusqu'à ce que mon blackberry (oui, je suis cool, j'ai un blackberry), décide de se suicider. Comment? me direz-vous. Non, pas en sautant de mon égo. Pas non plus en se laissant tomber du haut de la colonne de Pin que l'on se plaît à exhiber comme le nombre de nos "amis" facebook. Oui je mets amis entre guillemets. Combien des personnes que vous avez sur facebook sont vos vrais amis? Combien sont des personnes qui vont ont rajoutées pour des raisons que vous ignorez? Combien sont des personnes que vous avez rajoutées sans les connaître pour des raisons que vous n'ignorez pas? Combien sont des plans culs? Ou des plans culs en puissance? (Oui je vous vois derrière vos écrans, à errer sur le facebook chat, en vous disant "de toute façon, je la saute quand je veux"). Mais ce jour arrive rarement. BREF. Mon ami blackberry décide donc de se suicider. Il n'accepte plus d'être branché au chargeur, refuse la charge, ne veut plus regonfler ses batteries. Incapable de participer à une euthanasie quelle qu'elle soit, je décide de voir comment le réparer. J'apprends que les blackberrys, comme tous les objets qu'on nous vend dans notre chère petite société de consommation, ont une durée de vie presque prédéfinie, pour pousser au changement. (Mais oui, pensez à votre ipod, qui vous avait couté un bras, et qui avait rendu l'âme pour une raison inconnue un an et demi après, comme par hasard au moment où l' « apple care » était périmé). Je me résous donc à simuler un scandale chez Orange, et parviens à me faire envoyer un nouveau téléphone, le même, mais neuf (oui, il s'agit d'un échange "standard", sûrement l'un des mots les moins sexy, les plus neutres qui soit. Quand il ne s'agit pas de nous vendre un truc on parle de standard pour nous enlever tout plaisir. Si l'on avait dépensé un peu d'argent on nous aurait parlé d' "offre", beaucoup plus agréable). MAIS, car oui il y'a un mais, le téléphone devait être livré le lendemain chez moi, je me devrais donc de vivre pendant approximativement 3h sans portable, mes cours ayant lieu à peu près à l'heure où l'échange "STANDARD" devait avoir lieu... C'est là que ma nouvelle journée commence.
J'arrive devant ma classe à 11h, persuadé d'être pile à l'heure. Malheureusement, même après 3 mois de cours, je suis incapable de me rappeler de mon emploi du temps, enregistré dans mon téléphone. Je me rend donc compte, 25 minutes plus tard, seul dans ma classe, que j'ai en fait cours à 13h. Je décide alors d'aller me balader, en attendant mon cours. En sortant de la classe, le couloir est bondé. Une fille que je regarde depuis pas mal de temps est assise par terre, à 20m de moi, et me voit m'engager dans le couloir. Je sens le test, l'épreuve. Avoir l'air cool à tout prix. Surtout avoir l'air cool. Je cherche dans ma poche mon téléphone, je pourrais simuler l'arrivée d'un texto, ou ne serait ce que regarder l'écran pour ne pas passer les bras ballants devant elle. Malheureusement, je réalise que ma poche est vide. Rien à me mettre dans la main, pour paraître décontracté. Je dois gérer toute ma démarche sans le secours d'un objet extérieur. Je me rends compte que c'est extrêmement compliqué. Première notion: nous avons un mal fou à nous déplacer sans avoir un truc dans la main, ou les mains dans les poches.
Il me reste environ 1h30 avant le début de mon cours. J'ai un peu de boulot, quelques coups de fils à passer, je décide d'aller m'asseoir à coté de la fontaine, avant de réaliser, encore une fois, que je n'ai pas mon téléphone, et pas la motivation pour travailler. Il se passe alors quelque chose d'étrange, qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps: je regarde autour de moi. Je regarde SIMPLEMENT autour de moi. Sans être à la recherche de quoi que ce soit. J'attrape des bribes de conversations que je laisse s'en aller, j'écoute l'eau de la fontaine, les trois pigeons qui essayent de faire un bruit d'oiseau à peu près normal, en vain. Vous seriez sûrement surpris de voir comme c'est une chose que l'on a pas l'habitude de faire. S'arrêter, juste regarder autour, le ciel, les arbres, les gens, sans les juger. J'ai comme marqué une pause dans ce qui fait notre société. Plus de technologies pour me couper du reste du monde: ni musique ni téléphone, plus d'éléments pour me remettre à ma place d'être social qui se doit d'être envieux/jaloux/ ou indifférent des autres. Je suis juste là. Et c'est agréable. Trois vieilles dames passent à coté de moi, s'arrêtent comme si elles ne me voyaient pas, et racontent leur sortie de la veille. A les entendre, leur soirée était aussi hype qu'un concert d'Erol Alkan à l'Area. Il s'agissait en fait d'un petit goûter chez leur copine Simone, avec toute leur copines d'enfance (imaginez les liens, 75 ans d'amitié, il doit y avoir des gros dossiers). Je respire. Le temps passe vite.
Après mon cours, je finis par retourner chez moi, et retrouve Blackberry. Il a l'air d'aller pas mal, mieux que l'autre. Réjouis, je pars lui raconter deux trois trucs et lui présenter quelques potes avec un grosse synchronisation, ou "one way synch", parce que même pour parler de synchronisation, on nous parle anglais, c'est plus "cool". Puis je décide de voir ce qui se passe sur facebook.
Whaouw: 11 inbox. Cela suffit pour certains à passer une bonne journée. J'aurais du faire partie de ceux-là. Je décide de répondre au premier. Puis au second. Puis au troisième. Mr facebook me prévient: "slow down, or you'll hit a block", en gros calmos ou je te démonte. Ce à quoi je répond: "que de la gueule". Puis, au 10e message, ma session se déconnecte toute seule. Après une petite insulte (genre "ta race") à mon computer (prononcer "computaire"), j'essaye de me reconnecter. Et là, c'est le drame.
"Votre compte à été désactivé par l'administrateur". Autrement dit, j'ai plus rien. Plus de contacts, de potes à revendre sur friend for sale, plus snowballs à thrower à la gueule de je ne sais qui, plus de poke pour montrer à une fille que je la trouve bonne sans oser l'écrire. Plus de tagg sur les photos toujours plus moches de soirées, où chacun se détagg systématiquement. Plus de balade dans les albums photos des gens qu'on à vu deux fois. Plus personne pour m'adder as a friend, ou pour essayer de m'assassiner dans une guerre des gangs. J'ai l'impression de mourir un peu. Ma vie facebook vient de s'achever. Ma vie de recommencer.
La moindre panne de blackberry, le moindre problème de connexion sur facebook, et on s'énerve avec l'impression que "tout" déconne, que "tout" va mal. Redescendons les mecs, ca reste un téléphone et un ordinateur. Et après la jolie journée que j'ai finalement passée, je vous promets qu'on apprend plus et profite plus en regardant autour de nous assis sur le bord d'une fontaine, qu'en regardant à qui appartient la main posée sur la fesse de Sarah sur la photo 719 de l'album "me, myself and I" de Paul.
(Il s'agit de la main de Tim. Fourbe, le Tim)
mercredi 3 décembre 2008
From party to hospital
Un jour d’octobre,
Le carton annonce : « …… et …… ont le plaisir d’inviter ………………. A célébrer le ………………. De la ………………………
Défilé Printemps-Eté 200/ »
Défilé ? scanner rapide des informations. Jolies filles, jolie déco, sûrement un Dj cool, grosse soirée. Mes deux acolytes de chaques côtés. We’re in.
Parc de St Cloud, un froid de canard, mais nous sommes surmotivés par la soirée vers laquelle nous nous dirigeons. Un premier portail pour checker nos pass. Puis un autre. Puis un autre. Après 3 gestes identiques pour montrer l’invitation, je développe un savoir faire taylorien qui me permet de la montrer dans un temps deux fois inférieur à la première fois. Nos mains sont gelées. Nos Scooters toussent et nous implorent de nous arrêter. Je vois le parking, qui ressemble plus à une aire d’autoroute qu’au parking du BC. Une file de gens. Des grandes filles minces dont les membres allongés semblent ralentir les mouvements. Quelques grands mecs enfouis dans leur écharpes, répétant qu’il est « indécent de nous faire attendre dans ce froid ». 1 minute. 5 minutes. 10 minutes. 20 minutes. Et là, le fameux « ahhhhhhh » de soulagement. Les portes s’ouvrent. Les gens rentrent. Je n’ai qu’une invitation valable pour deux. Nous sommes trois. Par miracle un « il est avec nous » pseudo hautain et mal joué est le sésame d’entrée pour notre pote, et est même reçu par un « excusez moi monsieur je ne savais pas que vous étiez ensemble ». Qui sommes-nous ? Personne, comme tout le monde ici, donc quelqu’un. Ou du moins, on pourrait être quelqu’un. Une personne que l’on fait rentrer sans pass, c’est moins préjudiciable que de refuser l’entrée à quelqu’un que l’on est censé connaître. La fille qui s’occupe de l’entrée l’a compris. Nous sommes ravis. Ca « commence bien »…. Nous faisons quelques pas avant d’arriver dans la tente dressée pour l’occasion. Sublime décoration, des dizaines de tables rondes, 4 bars de 20 mètres de long, un podium transformé en piste de danse pour copines de mannequins et homo erectus (au sens moderne du terme) en furie. Girls Gone Wild ne nous aurait pas fait plus d’effet. Nous nous dirigeons vers le bar. Je commande mon éternel jus de fraise – « y’en a pas, mais nous avons orange, abricot…. »- donc d’orange tandis que CD et PF commandent des coupes de champagnes pour leurs 6 amis respectifs imaginaires, sûrement en fauteuils roulants puisque manifestement incapables de se rendre au bar (technique typiquement parisienne). Pendant que mon jus d’orange Joker arrive, une jeune fille m’aborde au bar « how arrrrrrrrrrrre you ? This PArtY Rockssssss. Do you want to dAnce ? ». Assez jolie, je la gratifie d’un « I’m gay » (réponse de sauvetage qui fait son effet ) et retrouve mes potes qui ont décidé de boire les verres de leurs amis imaginaires car « on peut pas gâcher ça ». Une fois titubant ou presque, ils sont sur la piste de dance (qui devient aussitôt, l’alcool aidant, le « dancefloor ») ou nous décidons de danser sur une musique assez incroyable. Après overdose de Justice, MGMT et Remix de remix par des Dj aux sonorités Russes, nous décidons de nous mettre en quête (de russes). Tout le monde danse. Tout le monde se parle. Une épaule. Des jolies jambes. Un ami (de soirée). Un ami ? . Un pote. Du champagne. Des potes imaginaires ont du arriver à en croire les mains pleins de mes potes. Je les traite d’arriviste. Il me traitent de jus-d-orangiste. Je décide de saluer ne serait-ce que par politesse monsieur Moet et son ami Chandon. Je les recroise et les re-salut. Je les croise tout le temps et suis bien élevé. Puis jus d’orange. Encore. Et encore. La musique est de mieux en mieux. Les gens sont sympas. On danse. On danse. On danse. On discute avec des inconnus comme si on se connaissait depuis toujours. Prénom ? inconnu. Nom ? inconnu. Profession ? inconnue. Caractéristique principale ? Jolie/sympa/drôle/ danse de manière drôle/ bourré/ demande sans arrêt « t’as pas une clope », question qui bénéficie à chaque fois de la même réponse, « non je fume pas ». Véridique.
La soirée continue, 4h du matin. Les premières lumières s’éteignent. Les deux bars du fond ferment. Puis ceux qui sont à coté de nous aussi. Mon pote jus d’orange va se coucher. Moet et Chandon son vidés par les anti-piques-assiettes piques-assiettes.
Une main frôle la mienne. La copine jolie de la fille du bar. « hey, ca va ? ». « bien et toi ? ». « pas mal ». Scanner : jolies jambes, joli visage, grande, yeux verts. Jackpot.
« Tu fais quoi » ?me dit-elle dans un français plus anglo-russe que français. « Je rentre chez moi , et toi ? ». « je rentre chez toi ». Un sourire. Un baiser. Première erreur.
Le taxi. 3 filles. 3 mecs. Le compte est bon. Ca continu de « bien commencer ». Trois pneumonie après, on arrive devant le parc de « showall ». Code. La grille s’ouvre. On entre.
Il fait chaud. Les manteaux tombent. On rit pour rien. Il est tard. On est tous crevés. Celle que nous appellerons Svetlana me propose de la suivre. Je la suis. Une chambre, un legging qui tombe. Une jolie bouche. On profite. Jusque-là, tout va bien. Jusque-là, tout va bien. Jusque-là, tout va bien. Tout va bien. Passage par la salle de bain. Regard de vainqueur dans le miroir. Puis greetings à truc qui à fait son boulot à peu près correctement. Et là. Comment dire. Désenchantement. Ou mieux. La haine. Préservatif éclaté. Scanner en panne. Je ne m’en étais pas rendu compte. Réaction stupide : « tu es sure que tu n’as rien ? » j’ai le droit à un « what the fuck » complément anglais, prononciation parfait, insistance presque trop prolongée sur le « Fuck ». Stress. En plus un de nos potes à disparu. C’est une autre histoire.
5 heures plus tard. Pas dormi depuis 36 heures. Avec le pote disparu réapparu, à la terrasse d’un café. Je flippe. Ils flippent. Nous flippons. Montant de rationalité presque négatif. Labo au téléphone : risque encouru : inconnu. Proposition : aller aux urgences dans les 24h pour faire un test de dépistage. Je rigole. Je rentre chez moi.
2h du matin. J’ai toujours pas dormi. Incapable de fermer l’oeil alors que fatigué comme jamais. Google : Sida. J’apprend la page wikipedia par cœur avant de me dire que wikipedia c’est pas toujours vrai. Je consulte des notes de docteur en me disant que des docteurs cons y’en a pleins. Impossible de me rassurer. Il pleut. 2h30. Je démarre mon scooter, direction les urgences. Il y a du monde. Bagarre, accident de la route, l’impression d’être a Bagdad. 2h après mon tour arrive. 40 minutes après le médecin arrive. Je lui raconte mon problème. Age de la partenaire ? 26 ans. Métier ? unknown. Prénom ? unknow (prise de conscience immédiate de la connerie effectuée). Origine ? russe/vivant à Londres. Le médecin me regarde. Pire phrase de ma vie : « vous savez, on vit très bien avec le Sida ». Le mot est lâché. J’avais parlé de « Das », de « merde », de « truc de merde » toute la journée pour le désigner, mais là j’ai bien affaire à lui. Le docteur me sort des pourcentages selon lesquels tout mec normalement constitué a le sida ou la syphillis. Absence de rationalité due a la fatigue. Je gobe tout. Je m’énerve. Je veux pas mourir. Je tape dans le mur. Refuse la prise de sang. Accepte la prise de sang. Re-refuse de faire la prise de sang. Pose des questions. Accepte la prise de sang. Je pleure. J’appelle mon père qui tente en vain de me remonter le moral. Je pleure. Je demande au médecin « concrètement, cette semaine, combien de personnes sont reparties avec le sida ? ». « Sur 10 me répond-il, 6 ». 60 % de chances ? info ou intox ? il remplit son rôle, me fait envisager le pire. Je repars avec ma plaquette de trithérapie, plus mort que mort. Dehors : 5 degrés. Il est 6 heure du matin. Toujours pas dormi. Il pleut des cordes. Pas de taxi. Je prend mon scooter. Je pleure. J’arrive chez moi. Prends mon cachet numéro 1, et fais le tour, assez vite, des effets secondaires.
Après trois jours cauchemardesques, je vois un médecin qui me dit que mes chances de l'avoir sont faibles. N’ayant aucunes coordonnées de la fille en question je ne peux m’en assurer à 100%.
Peur qui va-et-vient pendant 3 mois. Les tests m’affirmeront que je n’ai rien.
4 jours atroces, à envisager le pire. Je comprends que le risque est présent.
Sortez couverts.